|
Choisir un nom d'emprunt n'est
sans doute pas innocent. Cet acte, consciemment ou non, révèle
une volonté d'être autre, de changer de vie ou,
à tout le moins, de s'en inventer une seconde, plus
radieuse bien sûr car entièrement imaginée.
Vandi est trop intelligent pour ne pas le savoir. En optant
pour ce nom, il s'est spontanément créé
une identité artistique, celle d'un peintre accroché
à une certaine manière de voir et, plus encore
sans doute, de ressentir. Chercher à démasquer
l'origine voilée de ce nom n'est pas notre propos.
Si nous étions adepte du verlan, nous serions peut-être
tenté d'y voir l'inversion de "Divan". Mais
cela semble trop facile pour nous satisfaire sérieusement.
Ce qui nous intéresse,
c'est le rêve du peintre, cet appel incessant de lumière,
cette aspiration spirituelle qui jamais ne récuse son
besoin de sensualité, contrepoids nécessaire
à toute bonne métaphysique. Habitué à
soigner le corps, il s'en est fait une sorte d'allié
tacite, de complice obligé. Il semble qu'il n'y ait
pas, chez lui, de conflit perceptible entre chair et esprit.
A l'évidence, Vandi cultive le désir du soleil.
Habitant une région connue pour I' instabilité
de ses ciels, un port où tant d'artistes ont, avant
lui. cherché à capturer l'instant sublime, celui
qui fera oublier tous les autres et s'étendra ainsi
hors des limites du temps, le peintre sait combien la Normandie
est capricieuse. Mais il s'y sent chez lui. Habitué
à réfléchir, à se poser mille
questions sur le sens de la vie et de tout ce qui I' altère
(car la vie est naturellement portée à son accomplissement),
Vandi se ressource sans cesse dans la contemplation embrasée
des rivages. Il s'y plonge avec volupté, vivifié
par la brise du large et le sel des embruns, cette turbulente
braise océane. Difficile dans Vandi de ne pas entendre
le vent ! Nous l'avons déjà dit, mais cela nous
semble essentiel.
Me voici restitué à
ma rive natale... dit un poème de Saint-John Perse,
il n'est d'histoire que de l'âme, il n'est d'aisance
que de l'âme. Tout travail artistique est aussi un travail
de mémoire, une manière d'ancrage à ce
qui constitua notre origine et façonna durablement
notre âme, sa complexion pourrait-on dire. Vandi est
un enfant de la mer, un amoureux de la grande bleue. Il en
goûte les ardeurs et les frémissements. Elle
est pour lui comme une chair livrée aux instances célestes,
aux caresses comme aux coups de grain, aux limpides tiédeurs
estivales. Si parfois elle se cabre, c'est pour mieux lui
rappeler qu'elle est, par essence, l'éternelle insoumise.
Il y a de même, chez Vandi, quelque chose qui vraisemblablement
refuse la domestication. Il n'a pas renié ses rêves
d'adolescent. C'est d'eux qu'il tire sans doute son besoin
d'expression, son ardeur et sa sève chromatique. Peindre
et écrire demeurent ses deux chevaux de bataille. Il
sait trouver la phrase qui fera mouche, au plus près
d'une réalité dont il connaît toutes les
nuances.
Peindre, écrire participent
aussi d’une thérapeutique, fût-elle pour
beaucoup d’entre nous préventive, reconnaissons-le
! L’art serait une manière de répondre
à l’appel du vide. Il nous revient, à
ce propos, une phrase de Carl Gustav Jung, spécialiste
de l’âme humaine : « Le désir fondamental
de salut, de la question du sens de la vie, et de la nostalgie
de la tonalité ».
Cette nostalgie de la tonalité,
le peintre en fait régulièrement l’expérience
sur la toile et sur le papier. Ainsi, c’est au delà
des apparences qu’il faut chercher la véritable
inspiration de Vandi. Bien plus qu’une plage matérielle,
c’est un rivage d’une nature plus subtile qu’il
cherche et quand il montre des bateaux faisant voile vers
le large, c’est le vent même qu’il peint,
fugace et lumineux. Et le vent, on le sait, est l’image
de l’esprit.
Luis PORQUET,
février 2003, Poète
et critique d’art
Quel talent, VANDI ! Bien sûr,
il y a les gènes puisque son père est l'excellent
peintre havrais Claude GAIGNOUX. Mais très tôt,
VANDI s'est passionné pour la féerie de la lumière
et de la couleur et il n'en démord pas pour le plus
grand bonheur de l'art pictural.
VANDI peint joyeux avec gourmandise,
expérimentant l'aventure dans un pittoresque pleinement
expressif et festif où son geste vigoureux et dynamique
donne libre cours à de brillants coloris marqués
d'un exceptionnel vermillon de chine et autres généreux
accords.
De ses nus lumineux aux poses
souplement détendues d'une candeur provocante, aux
paysages riches, luxuriants, où seule la couleur détermine
une perspective pleine de promesses, VANDI exprime la fougue
et l'humour et sa tendresse envers les êtres et la nature
en font un créateur de classe, terriblement attaché
à la beauté.
Et cela ne date pas d'hier,
car, de sa participation aux artistes ouvriers du Havre en
1967 aux récentes expositions aux cimaises de galeries
parmi les plus renommées, VANDI peut se valoriser du
prix Othon Friesz décerné en 1973 entr'autres
multiples récompenses, et se confronter ainsi valeureusement
avec ses grands aînés.
André RUELLAN,
critique d'art
Toute sa peinture respire la
liberté dans une formidable explosion cosmique qui
nous laisse éblouis. Sa palette est un flamboiement,
son lyrisme est délibérément chaleureux.
Sa vision est libérée, hors des sentiers battus,
hors du temps, à travers la perception spatiale d'un
dynamisme rayonnant.
Alexandre Vernon,
critique d'Art
|
|